Fresques médiévales de la Commanderie de Coudrie, Challans (85)

Article rédigé par Alexina Chevolleau et photographies par Benoit Ausanger.

1- Chapelle de la Commanderie de Coudrie, côté sud.

En 2021, la GVSPA lance une campagne de nettoyage et de recherche sur la Commanderie de Coudrie (1) à Challans (85). Il est alors établi trois secteurs d’étude : la Chapelle, la Cure et le petit bâtiment proche du four à pain.

Pour les quelques vestiges des fresques médiévales de la première chapelle de la Commanderie de Coudrie, des relevés et une proposition de restitution ont été effectués. Effectivement, malgré le temps passé et les dégradations, on peut toujours apercevoir certains aplats de couleur. On peut distinguer trois couleurs de pigments majeurs : le rouge, le jaune et le bleu ; ainsi que deux autres couleurs moins présentes : le noir et le blanc.

Dans le bâtiment actuel, à la troisième travée de nef, deux parois de la chapelle initiale ont été conservées lors des agrandissements : la paroi nord et la paroi sud. Sur ces deux parois, on retrouve des traces de pigmentation qui ont pu nous parvenir grâce au recouvrement de fresques modernes. Celles-ci sont présentes sur l’ensemble du bâtiment et faites de chaux, avec des traits rectilignes rouges sur fond blanc représentant de fausses pierres d’appareillage. Ce revêtement moderne s’effrite et tombe à cause de l’humidité et des moisissures, laissant apparaître les anciennes fresques.

La paroi sud de l’ancienne chapelle est la zone où le nombre de vestiges est le plus important. On y retrouve une ancienne fenêtre que l’on peut apercevoir uniquement de l’extérieur, car rebouchée à l’intérieur (2). Des traces de piquetage sont présentes sur certaines pierres, certainement réalisées pour faire mieux accrocher la fresque moderne (3).

2- Ancienne fenêtre de la première chapelle.
3- Trace de piquetage sur les anciennes fresques.

Les relevés ont permis de mettre en avant un bandeau central horizontal délimité par des tracés rectilignes rouges (4). La présence de tracés rectilignes verticaux rouges et jaunes organise la partie supérieure de l’édifice, notamment deux qui créent une bande le long de l’ancienne fenêtre (5). Il est intéressant de relever que les tracés rouges servent de séparation entre les différents éléments. A l’intérieur de ces bandes se trouvaient possiblement des triangles rouges et bleus en quinconce. Malheureusement, le manque de données ne permet pas d’aller plus loin.

4- Relevé des différents pigments sur la paroi sud, dans la chapelle. L’ancienne fenêtre est à droite de ce fragment de fresque.
5- Proposition de restitution des anciennes fresques médiévales de la paroi sud dans la chapelle, par Alexina Chevolleau.

La paroi nord de la chapelle possède une petite porte latérale. On distingue clairement des lignes rouges en bordure de pierre et un fond jaune (6). On peut apercevoir un début de bande centrale, qui pourrait être semblable à la paroi sud (7).

6- Détail de l’encadrement de la porte, où les pigments sont encore bien présents.
7- Encadrement de la porte latérale.

On retrouve aussi dans l’édifice des pierres pigmentées de rouge et de jaune réutilisées ultérieurement dans les murs (8 et 9).

8- Pierres de réemploie situées au niveau des trous de boulins de la paroi nord.
9 – Pierres de réemploie situées au niveau des trous de boulins de la paroi nord.

Le style géométrique et l’utilisation des trois couleurs primaires (rouge, jaune et bleu) mettent en évidence des fresques pouvant dater de la période romane. Il se peut que la première chapelle fût dotée de décors plus développés sur les parois, notamment au niveau des parois disparues. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit là de données parcellaires. A noter que se sont des éléments extrêmement sensibles à leur environnement, notamment à l’humidité. Bien que protégées aujourd’hui par une toiture et des vitraux, durant des décennies les fresques ont bien souffert de l’abandon.