Dans la Vallée de l’Yon, sur la commune de Chaillé-sous-les-Ormeaux, la Pierre Tournante est un bloc mégalithique en granite, au nom évocateur de légendes. Ce nom a été révélé à Gérard Benéteau en 2011 par le propriétaire de la parcelle, le tenant lui-même de son père. Aucun récit légendaire ne nous est parvenu, mais comme pour d’autre pierres connues en France aux noms similaires, nous pouvons supposer qu’il était dit que la pierre tournait sur elle-même à midi, minuit, à Noël, à la Saint-Jean, etc.
Ce bloc est situé, au-dessus d’un très vieux chemin et est sans doute en relation avec les autres pierres dressées que l’on voit dans les talus du chemin, mais sa position dominante lui a sans doute conféré un statut particulier.
Dans l’état actuel de nos recherches, en fonction de nos observations, nous supposons que ce bloc soit un menhir qui ne soit pas reconnu officiellement comme tel. Il en présente tout de même plusieurs caractéristiques qui pourraient plaider en faveur de cette hypothèse : son emplacement en haut d’une colline, sa posture non géologique et sa forme pouvant évoquer un anthropomorphisme.
La pierre possède une face d’arrachement sur diaclase, une vasque (naturelle ?), une probable petite gravure sous la vasque, puis des cannelures d’érosion postmégalithique, attestant de sa posture artificielle. De plus, le 22 octobre 2022, Tom Brachet, un des membres du GVSPA, a mis au jour, au sommet, un trou « de mine » qui était caché par la végétation.
Concernant ce trou dit « de mine », comme il en existe d’autres dans des roches environnantes, celui-ci n’a peut-être finalement pas été fait dans l’objectif d’éclater la pierre. Nous avons émis l’idée qu’il a pu être fait pour y planter une croix afin de christianiser le bloc à l’instar de la « Pierre Folle » située de l’autre côté du vallon sur la commune voisine Le Tablier. Puis, sur la face sud de la Pierre Tournante, un petit creux semble artificiel et a même éventuellement pu être fait pour y placer une statuette religieuse comme sur certains calvaires chrétiens. D’ailleurs, Edmond Bocquier, célèbre chercheur Vendéen et natif de la commune a écrit, de 1900 à 1903, « Monographie de Chaillé-sous-les-Ormeaux », un ouvrage dans lequel il note « citons notamment un certain nombre de menhirs ou pierres folles, dressées ou renversées, portant souvent des croix ». Il n’évoque pas la Pierre Tournante en particulier mais celle-ci a pu faire partie de ces pierres portant une croix. Dès lors, une reconstitution éphémère d’une possible christianisation a été faites par le GVSPA le 7 octobre 2023. La Pierre a pu être surmontée d’une croix et doté d’une statuette chrétienne ; par exemple une statuette de la Vierge Marie.
Pour plus de précision, l’étude de la Pierre Tournante a été rédigée par Tom Brachet, membre du GVSPA, dans son mémoire de recherche sur les Pierres à Légendes de Vendée.
Bibliographie :
BOCQUIER Edmond, 1900 – 1903, Monographie de Chaillé-sous-les-Ormeaux, dans Annuaire Départemental de la Société d’Emulation de la Vendée, 1900, 1902, 1903.
BRACHET Tom, 2024, Les Pierres à légendes de Vendée – De la mythologie à l’archéologie : étude de mégalithes inclassés, mémoire pour le Diplôme de l’EHESS.
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Article rédigé par Tom Brachet, le 10 janvier 2024.