L’étude de l’art rupestre en Vendée
Plus ou moins absent, à ce jour, des programmes de recherche en préhistoire dans le Centre-Ouest de la France, l’art rupestre est par conséquent fort mal connu dans cette région de la façade atlantique, hormis quelques rares tentatives sporadiques lors de découvertes de blocs gravés.
Depuis les travaux anciens devenus obsolètes et plus ou moins fantasques du docteur Baudouin (qui avait toutefois permis d’établir la présence d’un art gravé en Vendée), aucune étude méthodique d’envergure n’a été tentée.
Bien évidemment, très rares sont les tentatives d’interprétations sémiotiques des cupules et des glyphes associés. Sans nul doute, une réticence, voire une méfiance cartésienne due aux consternantes allégories du début du XXème siècle sont une des conséquences probables du manque d’investissement scientifique dans ce domaine de l’art préhistorique et protohistorique dans le Grand Ouest. Depuis quarante ans, notre équipe inventorie les rochers gravés de Vendée et après un premier essai maladroit en 1976, une première zone d’art rupestre est étudiée entre 2004 et 2007, sur la commune du Poiré sur Vie et sa célèbre Pierre des Farfadets ; étude publiée en 2015.
L’art des pétroglyphes de ce mégalithe très particulier, révèle une probabilité culturelle attribuable au Néolithique Final, de même que deux autres locus de cette même commune. Une seconde et plus vaste zone est identifiée en 2008 dans le haut bocage vendéen, dans le secteur de Bazoges-en-Paillers où les pétroglyphes observés se différencient nettement de la précédente zone, mais où les compositions cupulaires restent comparables. Plusieurs scènes gravées peuvent être interprétées et leurs associations à des groupes de cupules permettent d’avancer de possibles explications symboliques.
Il existe, bien sûr, d’autres zones d’art rupestre dans le département, l’Ile d’Yeu étant très prometteuse dans l’étude des cupules avec toutefois de sérieux problèmes d’érosions des sites répertoriés. Cet art rupestre insulaire constitue un véritable défi malgré un environnement privilégié pour une étude sectorisée à long terme. Le problème des cupules dans l’art rupestre, d’ici ou d’ailleurs, engendre bien souvent de fortes réserves vis-à-vis des schémas conceptuels proposés, ce qui fait qu’on avance guère.
L’art mégalithique quant à lui, reste encore très peu connu en Vendée, bien que notre équipe ait commencé à repérer quelques mégalithes présentant plusieurs fragments de cet art préhistorique si particulier. Les travaux en ce domaine en sont au tout début. Mais les années qui viennent devraient apporter leurs lots de découvertes.
Quant à l’art paléolithique, il est inconnu dans notre département, bien que soupçonné, dans l’état actuel de nos inventaires et travaux. Cependant, un site a livré un ensemble très homogène de gravures d’un style abstrait complètement différent de ce que nous connaissons en Vendée et dans la proche région. Il a été mis en « réserve » et nous recherchons d’autres sites comparables dans les pays voisins afin de contacter des préhistoriens qui auraient réalisés des travaux sur des gravures de ce type. En tout état de cause, il serait étonnant que l’art paléolithique soit totalement absent de notre département.
Les études sur l’art rupestre constituent donc un domaine de recherche très délicat, particulièrement sur les interprétations recherchées ainsi que sur la/les possibles(s) signification(s) des cupules dont le(s) sens demeurent très discutés, voire contestés. Ce domaine détermine un véritable défi culturel en préhistoire car il aborde, entre autres, les origines métaphysiques de la pensée humaine.